Les chansons de Ronan


Musique / Depuis que la musique folk n'est plus une musique de vieux accrochés à leur colline, c'est peu dire qu'il est devenu une musique de jeunes à part entière, chée-bran, «cablée» même comme disait le très bath Frankie Mitterrand. Bref, un laboratoire de recherche et développement pop, planqué ici dans un grenier à foin, là dans une chambre de bonne. De là, surgissent des talents qui arpègent jusqu'à trouver la note juste et s'échinent à accoucher de mélodies qui les mèneront jusqu'au ciel, fusse à dos de baleine en mousse, comme dans le dernier disque de Cocoon, ou dans les tréfonds de l'âme humaine emportée par une avalanche de tourments existentiels comme l'Américain Bon Iver. Un de ces spécimens sévit à Lyon depuis quelques temps, que certains auront pu remarquer en première partie de Benjamin Biolay lors de son récent retour en terre caladoise, ou de Hey Hey My My à Just Rock ?. Il a pour nom Ronan Siri, porte la chemise à carreaux de rigueur et le joli minois ténébreux de ceux qui voudraient paraître moins évidemment lumineux (raté). Et surtout, il n'oublie pas de composer (et d'arranger finement) de splendides petits morceaux folk. Du genre qui sautillent entre les rochers pour éviter les écueils de la rivière, délicats et un peu râpeux, doux mais pas (encore ?) niaiseux. S'il parvient à éviter le syndrome Damien Rice (un dérivé de la rage qui fait hurler les filles par dessus la musique) ou à ne pas empiéter sur le bucolisme de Cocoon, il ira vagabonder sur les traces de ses maîtres : le toujours rigoureux Bon Iver et le trappeur à voix soul Ray La Montagne. Il n'en a pas encore la grâce, mais semble avoir ce qu'il faut pour lui aussi basculer du côté obscur de la folk, celui qu'on préfère. SDRonan Siri
Au Ninkasi Sans Souci, samedi 15 janvier.


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