Mi-femme mi-bête de scène


Danse / À trente-quatre ans, la danseuse belge Lisbeth Gruwez en a déjà vu et vécu des vertes (des olives notamment) et des pas mûres... Elle fut l'interprète d'un des plus dingues et physiquement exigeants des chorégraphes, Wim Vandeykeybus, et du non moins déjanté Jan Fabre. On se souvient du solo que ce dernier avait créé pour son égérie, "Quando l'uomo principale e una dona", présenté à la Biennale de Lyon 2004. Lisbeth Gruwetz, crâne et érotique, y évoluait nue parmi des nappes d'huile d'olive. En 2006, la danseuse crée sa propre compagnie avec son complice musicien Maarten Van Cauwenberghe, et "Birth of Prey" (littéralement la naissance de la proie) est leur deuxième pièce. Ce solo s'ouvre sur le dos nu de Lisbeth Gruwez, encadré d'un batteur et d'un guitariste, ondulant, vibrant, frémissant au milieu du noir. Ondulations lentes et sensuelles évoquant différents animaux ainsi que la durée étirée et les métamorphoses de la danse butô. À la fois animale et humaine, pulsionnelle et méditative, proie et prédateur, l'artiste s'adonne à un étrange rituel tour à tour hypnotique et explosif. Les mouvements infimes et silencieux du spirituel croisent ceux syncopés et chaotiques de la «bête de scène» sur fond de rock'n'roll. «Le corps humain est une machine pleine de réflexes d'animaux et de signaux. Notre esprit actionne ce bel instrument, mais quels sont les moteurs de notre esprit ?», s'interroge Gruwez. Réponse toute en mouvements à la Maison de la danse. Jean-Emmanuel Denave


<< article précédent
Fabienne Radi, Les héros fatigués sont