Suicide, mode d'emploi


Opéra / La musique de Jules Massenet semble toujours pleine de charme, un peu complaisante, mais d'une sensibilité totale. De son écriture, il se dégage des phrasés envoûtants, des mélodies enivrantes. Manon, Thaïs, Werther, autant d'opéras qui reflètent l'état d'âme d'une certaine époque romantique. L'Opéra de Lyon affiche Werther de Massenet et il lui faut du courage lorsqu'on sait le succès que l'œuvre a eu en 2010 à l'opéra Bastille dans la mise en scène de Benoît Jacquot et sous la direction de Michel Passon. Werther, drame lyrique en quatre actes, créé en 1892 à l'Opéra de Vienne (parce que les Français n'en ont pas voulu) est inspiré du célèbre roman de Goethe Les Souffrances du jeune Werther. L'opéra raconte l'histoire d'amour impossible entre un jeune poète et une jeune fille promise à un autre. Ils se cherchent, se trouvent, se repoussent et leur union se scellera par le suicide de Werther. Image d'Épinal d'un romantisme exacerbé, on respire la mélancolie avec le jeune Werther, on est emporté par son lamento puis on chante avec lui «Pourquoi me réveiller ?». Double analyse possible, certains trouveront cette écriture assez naïve : en général, les amoureux de Wagner. Les autres trouveront cette musique tellement charmante. Il existe peut-être une troisième voie qui permet d'entendre une œuvre d'une grande puissance expressive et qui passe habilement de la poésie la plus pure à une ambiance tragique, sublime et déchirante. Pour cette production, le ténor mexicain Rolando Villazon signe sa première mise en scène. Il connaît bien l'œuvre puisqu'il a lui-même chanté le rôle-titre sur plusieurs scènes. Est-ce assez pour en avoir une vision globale et nouvelle ?Werther de Jules Massenet
Direction : Léopold Hager - Mise en scène : Rolando Villazon
À l'Opéra de Lyon jusqu'au lundi 7 février.


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L’œuvre ultime