Mise en plis poétiques


Expo / Jessica Warboys (née en 1977 en Grande-Bretagne) aime se balader dans les Cornouialles où elle a d'ailleurs tourné plusieurs petits films. Un goût poétique pour l'errance qui se retrouve dans ses œuvres, avec leur capacité à brouiller les frontières entre la nature et la culture, la sculpture et la peinture, l'objet ludique et l'objet artistique, la performance et l'exposition. Les formes circulent entre ses créations, ne cessent aussi d'être reformulées ou produites autrement, en fonction notamment du lieu où l'artiste expose. À la BF15, on découvre d'abord d'immenses toiles de lin peintes dans des couleurs claires ou dorées, toiles trempées dans la mer par l'artiste afin de fondre ses pigments. Sur une autre cimaise, Jessica Warboys a accroché deux ensembles de tableaux-sculptures où la toile maculée d'encre bleue s'enroule étrangement autour de fragments de cadres. C'est, comme elle les intitule, un «Clan», une grande famille qu'elle recompose à son gré, selon le temps. Derrière ses grandes «Sea Paintings», on peut entendre un poème lu par le célèbre performeur et metteur en scène américain Richard Foreman. Poème où une simple poche s'avère contenir des murs, des portes, tout un monde. Nous sommes proches ici de la monade de Leibniz qui contient, plié et replié, l'ensemble de l'univers. L'exposition se termine par un film muet tourné dans la Forêt de Fontainebleau, composé de cadrages et recadrages, de jeux de matières, d'inversions d'images, de ritournelles visuelles. Un univers sobre, intelligent et poétique... Jean-Emmanuel Denave«Te Motutapu A Taikehu», Jessica Warboys
À la BF15, jusqu'au samedi 19 mars


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Centre d'art - Collection'10