Angil sous rock


| JAZZ POP | Nombreux sont les gens qui font l'unanimité contre eux. Plus rares sont ceux qui font l'unanimité dans le bon sens. C'est le cas d'Angil. Non qu'il se contente d'être petit prophète en son pays stéphanois, esprit de clocher oblige. Non, en vérité la réputation du leader des Hiddentracks a depuis longtemps franchi les frontières du pays ligérien et même du pays tout court. Libre et aventureux sont sans doute les qualificatifs qui lui colleraient le mieux à la peau, si tant est que quelque chose puisse coller à la peau de ce drôle d'animal. Car Angil est une anguille qui se glisse dans tous les interstices musicaux, cherche les moindres recoins non encore défrichés ou au contraire à les replâtrer de ses idées fusantes. L'audace, le Stéphanois très porté sur l'Oulipo l'avait poussée jusqu'à enregistrer Oulipo Saliva, un album reprenant le principe du lipogramme de Pérec dans La Disparition. Soit un album, sans “E“, dans les paroles comme dans la musique (en anglais, “E“ correspond à la note mi). Mais elle transpire toujours, l'audace, sur son dernier album avec les Hiddentracks, un groupe suffisamment cohérent pour le suivre sur tous les terrains (folk, jazz, pop, hip-hop...). Sur The And, titre évidemment joueur de l'opus, Angil fait le plein d'invité(e)s illustres (Françoiz Breut), cultes (Laetitia Sadier de Stereolab, Jim Putnam de Radar Bros) ou en passe de le devenir (Raymonde Howard, une autre Stéphanoise stupéfiante dont on n'a pas fini de parler). Lesquels ne sont pas de trop pour venir à bout de ce disque inépuisable et parfois épuisant. À l'image de son infatigable et insatiable maître d'oeuvre qui n'aime rien tant que se (nous) perdre, pour se trouver son chemin. SDANGIL & THE HIDDENTRACKS
Au Fil, mercredi 16 février.


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