Hyperbien


| ROCK | Alain Bashung est mort, vive Bertrand Belin ! Blasphème ? Non, juste le reflet du constat suivant : dans le paysage musical francophone contemporain, ce dandy breton à la voix de crooner un peu pataud est le seul à présenter les trois qualités les plus caractéristiques de “la force tranquille du rock français“, à savoir son allure (plus hypnotique que le look de croque-mort de Dominique A), sa discrétion (Biolay se la raconte trop), sa constance (au contraire de Miossec et de sa discographie en dents de scie) et son sens de l'équilibre (Raphaël se vautrant constamment du côté du mainstream qui tache). Son troisième opus paru à l'automne dernier est, à ce titre, on ne peut plus parlant. Orchestral sans être démonstratif, littéraire mais jamais verbeux, intime tout en évitant l'écueil de la vacuité... Hypernuit est tout cela est bien plus encore. On y distingue ici, courtoisie du jeu de guitare atypique de son auteur, du blues décrotté, celui qui se jouerait dans les juke joints de Louisiane si l'on en asséchait les marais. Là, des mouvements de cordes à faire se dresser les baguettes des grands compositeurs du XIXe siècle. Ailleurs, des ellipses à la beauté toute suggestive comme autant de rappels que la médiocrité n'est pas contagieuse : un temps dans l'ombre de Bénabar, Bertrand Belin s'est bien gardé de se pencher sur sa passion pour les pizzas et les portegobelets. C'est heureux, mais cette opposition, pas plus que l'écrasante comparaison débutant cet éloge, ne saurait faire honneur au talent de Bertrand Belin. Ses concerts en revanche... Benjamin MialotBERTRAND BELIN (+ DJAZIA SATOUR)
Dans le cadre du festival Les Poly'sons, Au Fil, vendredi 11 février.


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L'occulte planète