Pierric Bailly – Ses nuits chez Maud


Dans le premier roman de Pierric Bailly, "Polichinelle", il n'y avait guère de Polichinelle. Et dans ce "Michael Jackson", sorti en janvier, il n'y a que des lambeaux du chanteur mort. Tout juste une date de naissance commune : l'Américain est né le même jour que le père du narrateur. Peut-être faut-il voir aussi dans cet étrange titre, la propension du personnage principal à se transformer comme le fit la star. Luc a quitté son Jura natal dès le bac validé et raconte sa vie en «3D» à 18, 22 et 26 ans. Il apprend les différences culturelles entre ville et campagne : son idole Richard Virenque est moquée dans sa cité d'adoption. Loin d'être anecdotique, l'attachement de Luc à un héros populaire du cyclisme dit son décalage permanent entre la vie "d'avant"et son nouvel état d'adulte avec son corollaire de joyeusetés (l'amour qui fait mal – ou pas, la glande à la fac, les soirées chez des amis lancés dans une carrière porno...). Ce qui étonne chez Bailly est sa capacité à tenter de faire un livre subversif sans jamais y parvenir. Et c'est sa grande qualité. Il décrit un personnage qui expérimente les interdits et les excès mais séduit lorsqu'il parle avec tendresse de la sœur de Luc, indéfectible fil rouge de son existence. NPPierric Bailly rencontre François Bégaudeau
Samedi 12 février à 17h


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Yves Bonnefoy