LINDA LÊ


On pourrait présenter Linda Lê à la manière dont elle évoque trois Grâces, salvatrices d'un aveugle, dans son roman Les Aubes : «elles portent haut les couleurs de l'exigence et du rêve». Par rêve, il faudrait alors entendre la singulière élégie d'un monde, pur, disparu, auquel l'auteur confronte tout au long de ses livres la douleur de l'incarnation. Une incarnation cependant bicéphale, car si la douleur est invariante, jamais elle ne laisse la place au seul désespoir : chez Linda Lê en effet, la vie est aussi possibilité de résurrection. Revêtus de l'absolu que confère la proximité de la mort, ses personnages sont des humains désemparés, des polichinelles de foires ou des figures d'icônes sensibles. Femmes le plus souvent, ces dernières semblent être les faces révélées de mythes grecs qui auraient quitté le symbole pour se lier à la terre. Tragiques dans leurs combats, initiatrices, résistantes, elles sont les âmes de l'existence aux prénoms d'utopie : Forever (Les Aubes), Sola (In Memoriam), Una (Cronos)... En elles, on retrouve la devise que Linda Lê porte en étendard ; par la beauté, la vérité et la littérature, rester en vie. MV“EXERCICE(S) D'ADMIRATION(S)“ – LINDA LÊ ET MATHIEU TERENCE
À la Salle des Parieurs, dimanche 13 février à 15h30


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WILL SELF