Maison de poupée


Théâtre / La matière de départ, «La Théorie de Mars», texte de Claude Monteil, n'est pas un joyau. Mais à force de le malaxer, de le découper, Meissoune Majri-Pégeot a réussi à construire un spectacle intriguant, ambitieux et, in fine, maîtrisé. Sur scène, un couple de trentenaires, bien sous tout rapport, est perturbé par l'arrivée de deux personnes sans voix qui les envahissent, s'infiltrent dans leurs quotidien comme un venin, et perturbent leur petit confort bourgeois. Le propriétaire de l'appartement les méprise à la seconde où il les découvre. Ils sont chez lui, lui qui, pour en arriver à sa belle situation (femme-appartement-bon salaire, dans un ordre importance aléatoire), a «trimé». Donc il l'a mérité. Aux autres de faire de même. Avec ses personnages antipathiques (auxquels les comédiens prêtent de bonne grâce et avec justesse leur talent), Meissoune Majri-Pégeot séduit en prouvant intelligemment que le théâtre n'est pas qu'un exercice de diction. Elle utilise subtilement la lumière (fondus au noir, lumières stroboscopiques), le son (des nappes rock folk planantes placées astucieusement comme des virgules) et aussi les corps (des parenthèses chorégraphiées façon «Petit bal perdu» de Découflé offrent des respirations dans un texte verrouillé). Et subtilement, quand le vernis de la bourgeoisie craque, on entrevoit même sur le plateau une héroïne ibsenienne, façon Nora ou Hedda Gabler. Nadja PobelLa Théorie de Mars
Au théâtre de l'Instant T, jusqu'au samedi 26 février.


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