127 heures

De Danny Boyle (ÉU-Ang, 1h35) avec James Franco…


Privé du souffle romanesque et euphorique qui faisait oublier les tics cinématographiques de "Slumdog Millionnaire", Danny Boyle se plante en beauté avec "127 heures". L'histoire vraie d'Aron Ralston, amateur de sports extrêmes coincé pendant cinq jours dans une crevasse, la main bloquée par un lourd rocher, devient à l'écran une centrifugeuse à images dont le but ultime est de ne pas assumer qu'il ne se passe rien à l'écran — et pas beaucoup plus dans la tête de son personnage. Comme si Sofia Coppola avait fait de "Somewhere" un reportage de "50 minutes inside" ! Boyle filme tout, dans toutes les positions, avec toutes les caméras disponibles, sauf… le calvaire de son héros et la performance de son acteur, ce qui pourtant constituait l'intérêt majeur du projet. À la place, on a droit à des plans récurrents sur des montres ou à l'intérieur d'une gourde, des travellings aériens traversant des centaines de kilomètres, des flashbacks sur des partouzes dans lesquelles on ne voit pas un seul sein (du puritanisme pur, car quand il s'agit de montrer Aron se sectionnant le bras, Boyle se délecte d'images gore !), et des séquences d'hallucinations pour, au propre comme au figuré, noyer le poisson. Malgré tous ses efforts pour la faire oublier, le film est rattrapé par sa vacuité : la morale finale est incroyablement neuneu. En gros, la prochaine fois, je préviendrai ma famille que j'aime quand j'irai faire le mariole dans un canyon… et je ne laisserai pas le robinet ouvert.
CC


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