Carpaccio de Carpenter


John Carpenter ne doit pas être mécontent de voir que ses films et BO continuent d'inspirer, 35 ans après le séminal Assault On Precint 13, bon nombre d'électro freaks biberonnés au krautrock et aux synthés analogiques. Après Tim Simenon pour Bomb The Bass, puis Terranova et Tricky sur l'inoxydable Bombing Bastards, voilà deux ans que le duo formé par Neman (batteur d'Herman Düne) et Etienne Jaumet (saxophoniste, entre autres, pour Married Monk), rend hommage à son réalisateur fétiche sous la casquette idoine de Zombie Zombie. Et quand on dit hommage, on est gentils, parce que plus on écoute leur Zombie Zombie plays John Carpenter, et plus on a l'impression d'avoir un autel sonore entre les oreilles.

Les deux ouailles se prosternent devant le monstre sacré : nul massacre à la tronçonneuse, donc, en ce qui concerne les thèmes revisités. Leurs relectures se font plutôt dans une forme de soumission, de dévotion, qui rend religieusement à John Carpenter ce qui lui appartient, à savoir un talent hors pair pour la composition. Occultée peut-être par son statut de réalisateur culte, cette propension à ficeler des BO toujours soufflantes de suspens et de tension est ici remise en lumière par les Zombies. La plupart des thèmes ont en effet si bien vieilli (la patine du kitsch en bonus) que le duo ne retouche quasiment pas les mélodies. Seul le rythme dénote, passant à la moulinette le prodigieux Bank Robbery, ou rajoutant une couche anxiogène au fameux Halloween Main Theme. Sur scène, cette chevauchée fantastique aux confins de l'électr'horror donne des sensations de mouvements liquides, d'odyssée spatiale. On pense aussi à Neu !, Suicide et Can, mais qu'importent les éprouvettes, pourvu qu'on ait la plane.

Stéphanie Lopez

ZOMBIE ZOMBIE plays John Carpenter
Au Marché Gare, vendredi 24 février


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