Vikings of pop

Musique / Enième rejeton d'une armée de vikings pop, les Danois d'Efterklang viennent participer à l'invasion nordique des scènes lyonnaises en ce début d'année. On ouvre grand les bras et on dit «tak !». Stéphane Duchêne


Portés par des événements comme Iceland Airwaves (Reykjavik) ou le festival d'Oslo, la Scandinavie n'en finit plus d'inonder le marché du rock indépendant de tombereaux de talent musicaux suédois, danois, norvégiens, islandais. Le phénomène n'est pas nouveau – il y a un moment que la Suède est le troisième exportateur mondial de musique, et les artistes scandinaves de Jay Jay Johanson à Björk pas nés de la dernière pluie – mais il prend une certaine ampleur. Surtout si on la rapporte à un ratio groupe de talents/nombre d'habitants dans ces pays sous-peuplés en âmes mais surpeuplés en artistes. Après Fredrika Stahl (Suède), Agnes Obel (Danemark) et Junip (Suède) – ces derniers malgré leurs annulations fortuites – Benni Hemm Hemm et Hjaltalin (Islande), Thomas Dybdhal (Norvège), The Tallest Man on Earth (Suède), sans compter Milkymee dont la carrière a quelques racines suédoises, en ce début d'année 2011 c'est à une véritable invasion viking que l'on assiste à Lyon. Ici, point de noms ronflants, mais de vrais succès critiques qui cachent les dizaines d'autres qui attendent à la porte. Au hasard, un groupe présent cette semaine à l'Épicerie Moderne (qui doit avoir quelques billes dans l'industrie du krisproll) : Efterklang. Ici, nous sommes au Danemark, ce pont naturel lancé entre l'Europe centrale et la péninsule suédo-norvégienne et véritable porte d'entrée de la Scandinavie. An Island
Comme un certain nombre de ses collègues nordiques, Efterklang a une sorte de don pour capter musicalement l'atmosphère locale, une sorte d'aura nordique, à la fois esthétique de la grisaille et de la majesté, équivalent boréal de l'Americana US. C'est encore le cas sur leur dernier disque "Magic Chairs" qui s'ouvre à une pop voyageuse mais moins perchée que les envolées post-rock des disques précédents. On pense à Grizzly Bear, On pense à Arcade Fire sans l'incandescence ou à un Radiohead qui n'aurait pas explosé son sonar en route. On pense à réserver en Scandinavie pour les prochaines vacances. Cerise sur le kage («gâteau» en danois) le groupe viendra également présenter son film, "An Island", une œuvre qui tient autant du portrait que du film expérimental. Avec à la réalisation Vincent Moon, initiateur du blog musical «la blogothèque» et de ses fameux «concerts à emporter», une collection de clips live réalisés dans les endroits les plus incongrus avec la fine fleur du rock indépendant de passage à Paris. Depuis, Vincent Moon a travaillé avec des groupes aussi classieux comme The National (A Skin, A Night). L'histoire du film : celle d'un groupe de rock qui part vivre sur une île déserte pour... y réaliser un film. Un concentré d'esthétique scandinave. Efterklang + Projection « An Island »
À l'Epicerie Moderne
Jeudi 3 mars


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