Douche écossaise

Depuis les murs du son édifiés sur Young Team il y a bientôt seize ans, Mogwai est devenu un «old team» au post-rock toujours épique et pertinent. Des lives sous haute tension, de l'orage, de l'explosion : Mogwaï, la réponse de l'Ecosse au Silver Mt Zion ? Stéphanie Lopez


C'est vrai, d'ordinaire on a plutôt tendance à fuir les groupes de rock qui sont fans de foot comme on a tendance à fuir les fans de foot qui écoutent du rock de stade. Mais on a tort. Pas besoin d'être un rockeur en total look Slimane pour botter les foules : la preuve avec Mogwai. Les cinq Gizmo ont beau faire (po)tache sur scène avec leurs vestes de survêt' aux couleurs du Celtic Glasgow, n'empêche qu'ils sont plutôt fortiches pour mouiller le maillot. Il faut dire que lorsque les Gremlins ne sont pas occupés à rendre hommage à Zizou (cf leur BO pour le film Zidane : A 21st Century Portrait), leur «serious music with guitar» redevient vite le centre de l'étendard, avec des albums qui font la part belle au post-rock sous space-cake. Basse-guitare en avant et toutes distorsions à l'avenant, la musique de Mogwai pousse la saturation jusqu'au bruit blanc, s'épanche entre plaintes électriques et complaintes plus lyriques, comme si la douche écossaise qui souffle le chaud et le froid en alternance était définitivement leur marque de fabrique. Depuis seize ans qu'ils frappent dans les camps post-rock cousins de Godspeed You Black Emperor, les Ecossais n'ont jamais vraiment changé d'équipe ni de formule qui gagne (le producteur Paul Savage est d'ailleurs de retour sur leur nouvel album), mais ils affirment toujours plus avant leur goût de la quête, de l'odyssée planante nimbée d'électro discrète.DROIT AU BUT
Peu de paroles, beaucoup de guitares et du White Noise qui bat la campagne en plein brouillard : le rock de Mogwaï érige de hautes murailles essentiellement instrumentales. Si le précédent The Hawk Is Howling ne comptait pas un verbe sous les échos de réverb', leur septième album n'est guère plus bavard. Deux chansons à peine (l'une vocodée, l'autre confiée à un invité), et pourtant Hardcore Will Never Die, But You Will a plein de choses à dire. Sous ce titre aux airs de private joke, le message pourrait être : les punks aboient, les tendances passent, mais Mogwai reste Mogwai. À savoir, ce groupe certainement pas hardcore mais plus pop au contraire, plus accessible aujourd'hui qu'à l'ère de The Hawk Is Howling ou du pionnier Young Team. De composition plus simple, Hardcore Will Never Die… va donc à l'essentiel. L'essentiel n'étant pas l'emballage (Stuart Braithwaite accorde peu d'importance aux titres ou à la pochette), mais de produire une musique qui tient toujours la route. Sans doute parce que la route, justement, reste chez eux le moteur dominant : à l'aube d'une grande tournée qui les conduira sur les scènes de France et de Navarre pour deux ans, les Glaswégiens vont pouvoir laisser libre cours à l'espace live dans lequel leur musique se passe de tout discours. Vous voilà prévenus : Mogwai will never sing, but you'll fly.MOGWAI
Au Transbordeur, dimanche 20 mars


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ECHO SONORE 95