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THÉÂTRE / Décor rouge, noir et or pour ambiance de conte de fées baroque, lumineuse et décalée. Avec cette Vraie Fiancée, conte des frères Grimm pas forcément des plus connus : choix appréciable qui permet au flamboyant Olivier Py de montrer que ces petits bijoux sont beaucoup plus profonds qu'ils n'y paraissent à première vue, en enlevant au spectateur le bercement induit par la maîtrise de l'intrigue. Car l'air de ne pas y toucher, le metteur en scène a élaboré un spectacle à la féerie tranchante. On suit ainsi le destin d'une jeune fille qui, tyrannisée par une marâtre vicieuse, s'enfuira dans la forêt où elle rencontrera un prince, et surtout une troupe d'artistes ambulants : leur présence sur scène devient une très belle mise en abyme faite par Py, offrant une réflexion passionnante sur la nécessité d'un théâtre populaire, tout en prenant soin de le dégager de l'influence du pouvoir (matérialisé ici par le prince). À grand renfort de costumes, cirque et chansons, il crée alors un spectacle baroque haut en couleur. Notamment grâce à l'utilisation d'une structure centrale en forme de maison, qui prend plusieurs configurations au cours du spectacle, illustrant parfaitement la construction ludique mais complexe de ces contes : ainsi, derrière l'apparente légèreté de La Vraie Fiancée se cache une réflexion plus sombre sur le passage à l'âge adulte dans un monde trop violent pour un enfant. Un spectacle sur la cruauté d'une société où le péché est partout – Py est ouvertement croyant, et ne semble pas forcément porter dans son cœur notre époque contemporaine – mais qui finira en fanfare, avec un bien triomphant pleinement sur le mal. Aurélien MartinezLA VRAIE FIANCÉE
au Théâtre de la Croix-Rousse
Du mercredi 30 mars au samedi 2 avril


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