La Maison du Bonheur


Album / Sur "Sans Nouvelles", qui clôt quasiment "La Maison de Pain d'Épice", Hubert Mounier chante : «je suis heureux comme avant/Heureux comme un vieux disque à tourner sans fin/À chanter toujours le même refrain». Celui qui, avec l'Affaire Louis Trio, contait "L'Homme aux Mille Vies" semble en avoir vécu quelques-unes. Et au bout s'être retrouvé. Car si "La Maison de Pain d'Épice" est le quatrième album solo d'Hubert Mounier, on pourrait croire que c'est le premier. Le précédent, "Affaire Classée", était, il est vrai, un album de reprises (magnifiques) de l'Affaire Louis Trio. Et sur les deux premiers, "Le Grand Huit" et "Voyager Léger", planait l'ombre envahissante de Benjamin Biolay, béquille amicale d'un auteur-compositeur décomposé. Vieilli, usé, fatigué, Mounier mais conscient aujourd'hui que «malgré la menace de n'être nulle part à sa place (…) il faut bien voir le monde en face et profiter du jour qui passe», comme il le rime sur "Fatalitas", l'un des tubes en puissance d'un disque qui en compte de nombreux. Réenchanté par une vie privée épanouie et une paternité inespérée, «lâché» par un Benjamin Biolay trop pris par sa carrière, Mounier a pris le taureau par les cornes pour accoucher d'un album tout de pop vêtu, mais sans fioritures ni arrangements trompe-la-mort. Celui que l'on retrouve ici est bien le Mounier aux métaphores simples mais inspirées et aux mélodies accrocheuses voire collantes : surf, comme sur "Rien de mieux à faire" ou plus intensément rock comme sur la chanson-titre "La Maison de Pain d'Épice". Un musicien en qui sommeille toujours un peu, malgré les tentatives d'assassinat, le Cleet Boris des meilleurs années (devoir de vacances : réécouter le richissime, "Mobilis in Mobile", la grande affaire de l'Affaire) : soit une sorte d'Andy Partridge (XTC) français, fantaisiste pop victime de ses excès de fantaisie. Sur "On se fout d'ma gueule", Mounier promet «On va se retrouver/Comme si on n'avait jamais été séparés». C'est un peu l'impression que ça donne. SD«La Maison de Pain d'Épice» (Naïve)


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Double Je