Musiques du temps présent

Musique / Journées GRAME : une 6e édition qui prend son temps, se dilate, se meut, se renouvelle et nous réjouit par avance. James Giroudon réussit un incroyable tour de force, celui de faire aimer la musique contemporaine à un large public. Pascale Clavel Pascale Clavel


5 semaines, 23 premières mondiales et françaises, 40 compositeurs et plasticiens, 6 pays représentés, 31 œuvres musicales, 6 installations, 10 concerts, 1 film, 2 conférences : régal des yeux et des oreilles. Autant de chiffres qui en disent long sur la bonne santé de la musique contemporaine. Créations, recherches ininterrompues, Grame est un lieu d'ébullition où les compositeurs ouvrent la porte aux vidéastes, aux danseurs, aux arts en général. James Giroudon, directeur artistique de ces journées, est un visionnaire tranquille, un érudit qui s'en défend, un musicien qui regarde le monde et s'en inspire. Il fait de cet événement un rendez-vous incontournable pour les amateurs d'une musique exigeante, déroutante, qui a le culot d'explorer des univers complexes. Les rendez-vous de cette 6e édition sont multiples, d'une grande richesse de propos et d'une diversité remarquable : ouverture sur de nouveaux lieux, prise de risque à inviter de jeunes créateurs régionaux, prise de position politique avec un concert «du côté du Mexique»…Convergence des arts
Pour le public, les envies peuvent être si nombreuses qu'une petite feuille de route s'impose. Un premier rendez-vous, au Théâtre de Villefranche, met en confrontation deux ensembles de percussions, les PCL de Lyon et Forum Music de Taipei. Ils explorent ensemble les musiques expérimentales les plus déroutantes. À l'INSA, c'est Le Quatuor Le Détrapi qui s'invite et joue une musique improvisée décapante, créée dans l'instant, sans cadre préalable. À la tête de cet ensemble, la compositrice Raphaëlle Biston échafaude des œuvres autour d'un «bricolage instrumental pour sons insolites et inattendus». Ah Q, concert-opéra de la compositrice chinoise Tao Yu, est peut-être l'œuvre la plus singulière : entre tradition et modernité, entre opéra chinois et informatique musicale, cette œuvre, à la frontière des genres, convoque tous les technologies numériques – du traitement du son en temps réel, à la captation de mouvements. En trois tableaux, c'est un bel hommage qui est rendu au compositeur Luigi Nono : un film, une œuvre, Das atmende Klarsein, pour flûte basse, petit chœur mixte et électronique, une conférence musicale. Dans ce beau parcours à travers la musique contemporaine, il ne faut pas oublier d'aller jeter une oreille dans les boîtes sonores, ces petits objets rien qu'à soi qui font rêver.Journées GRAME
Du vendredi 8 avril au vendredi 20 mai


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