Des Lyonnais précurseurs


Sylvie Ramond, directrice du Musée des Beaux-Arts, rappelle que la collection d'arts islamiques du Musée est la plus importante en France après celle du Louvre. Très tôt, la ville et quelques riches collectionneurs se sont intéressés aux objets orientaux. En 1810, le maire de la ville acquiert une partie de la collection du Marquis de Migieu, parmi laquelle se trouvent des armes orientales. Les Lyonnais Pierre Révoil (1776-1842), Anthelme Trimolet (1798-1866) Jean-Baptiste Carrand (1792-1871) et d'autres acquièrent des objets précieux en grande quantité... Mais leurs collections échappent souvent à Lyon et sont rachetées par le Louvre ou d'autres musées. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la ville connaît un essor économique qui facilite encore la constitution de collections privées. En 1864 est inauguré le Musée d'Art et d'Industrie (qui deviendra l'actuel Musée des Tissus), dépendant de la chambre de commerce, qui conserve des ornements et des motifs des arts de l'Islam pour s'en inspirer, les copier, et promouvoir le développement florissant de la soierie lyonnaise. Enfin, deux grandes expositions (expositions «coloniales» avec ce que tout cela comporte d'ambiguïtés et de regard «exotique»), en 1877 et 1894, présentent au public des céramiques, des textiles, des reproductions d'architectures remarquables (Taj Mahal, palais d'Algérie ou de Tunisie...). Une petite exposition, au cœur des salles d'exposition permanentes du Musée des Beaux-Arts, retrace ces liens étroits entre Lyon et les arts de l'Islam. Dans des vitrines et à travers une scénographie simple et agréable, on pourra découvrir de nombreuses œuvres et objets peu à peu collectionnés par l'institution. On passe ainsi admirativement d'une grande bassine égyptienne du XVe siècle à une cotte de maille turque de la même époque, d'un miroir en bronze iranien du XIIe siècle à une dague du XVIe... Mais ce sont encore ces miniatures iraniennes ou indiennes des XVIe et XVIIe siècle qui fascinent le plus comme ce portrait épuré de prince au bouclier, ou le gracieux profil d'une princesse moghole tenant un gobelet. JEDLe Génie de l'Orient, Lyon et les arts de l'Islam
Au Musée des Beaux-Arts
Jusqu'au lundi 19 septembre


<< article précédent
L'Europe islamophile