Le temps de Deerhoof


Musique / Quel est le point commun entre l'évangéliste pop Sufjan Stevens, les trublions électro-glam de Of Montreal, les post-rockeurs acétiques de Thee Silver Mt. Zion et les folkeux transis de Grizzly Bear ? Ils ont tous, comme bien d'autres sommités contemporaines de la musique indépendante, avoué compter parmi leurs influences Deerhoof, quatuor californien aussi révéré par ses pairs qu'il est méconnu du grand public. Ce n'est pas faute d'avoir mené une carrière exemplaire, longue de dix-sept années et riche de onze albums à nuls autres pareils. Qu'y entend-on ? Peu ou presque la même chose que si les indémodables bruitistes de Sonic Youth enregistraient des comptines pour enfants, ou que si l'on mettait de la guimauve dans une bétonneuse. Soit un rock tour à tour noisy et arty, improvisé et géométrique, radical et entêtant, furieux et kawaï, mélodique et dissonant, inouï et familier, dont les seules constantes ont pour nom Greg Saunier et Satomi Matsuzaki. Respectivement batteur à l'intensité suprasensible et bassiste-chanteuse magnifiquement inexpressive, ils sont les pôles magnétiques de la planète Deerhoof. Ceux qui, à coups de fluctuations et d'inversions, en déterminent le sens de rotation, des punitifs débuts lo-fi de The Man, The King & The Girl à l'éclectisme foisonnant du dernier-né, Deerhoof Vs. Evil. Quatre ans après leur «orgasmique» prestation sous la bannière Grrrnd Zero, leur retour en terres lyonnaises est d'ores et déjà l'un des événements majeurs de cette année scénique 2011. D'autant plus que leur compagnon de route, le guitariste expérimentateur Dustin Wong, est lui aussi un sacré génie dans son genre.

Benjamin Mialot Deerhoof (+ Dusting Wong + Blondettes)
Vendredi 22 avril à l'Épicerie Moderne, Feyzin


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