Paye ton PVT


Musique / N'en déplaise à Nicolas Hulot, Midnight Oil n'est certainement pas ce que l'Australie a enfanté de mieux en matière de rock écolo. Dans les bacs de recyclage (une suggestion, au passage, pour les disquaires qui s'embarrassent avec des étiquettes désuètes ?), mieux vaut désormais miser sur PVT, qui, non content de recycler son propre nom (le trio a dû écourter Pivot pour cause d'homonyme américain), prouve avec brio qu'il sait faire du neuf avec de l'ancien. L'ancien, c'est le krautrock débridé de Can, le Pink Floyd des premières heures de plane, les synthés bizarres du Zoolook de Jean-Michel Jarre. Autant d'influences qui se téléscopent aujourd'hui dans le prisme psychédélique de Church With No Magic. À l'honneur dans nos pages Sélection en septembre 2010, ce deuxième album venu du bout du monde sentait ces terres sèches comme un coup de trique, l'australe péninsule suggérant des montagnes de rock aussi aride qu'intrépide. Une batterie contorsionniste comme un serpent à sonnettes, des rythmes propulsés par un kangourou lance-roquette… Le son PVT graille comme une grenaille indus, parfait cross-over entre post-punk et IDM, Battles et Suicide, Autechre et Radiohead. Si, sur disque, Church With No Magic nous laisse parfois sur le parvis pour cause de gimmicks un peu trop lourds et noisy, on veut bien croire qu'en live, PVT dispose justement des atouts idoines pour faire claquer son rock d'iguane, et nous envoûter plus avant sous ses volutes plus perchées qu'un volcan. Recycler les ténèbres, en concert, pour nous éclairer d'un Light Up Bright Fires aux fureurs païennes… Là où il y a de l'aborigène, il devrait y avoir du plaisir, surtout sur scène. Stéphanie Lopez

PVT
Au Transclub, jeudi 28 avril


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