Le panthéon du Jazz

Festival / Comme chaque année, Vienne a mis les petits plats dans les grands pour se transformer en panthéon vivant du jazz. Alors, entre ici, Jazz à Vienne avec ton terrible cortège de jazzmen cacochymes, de colosses à saxos et de monstres sacrés déglingués. Stéphane Duchêne


«Que de Vienne, que de Vienne», disait le poète. Mais que de jazz surtout cette année à Vienne, pour un festival qui se plaît toujours autant à faire valser les invités pour contenter les puristes tout en élargissant les horizons. Car encore une fois, comme dirait le docteur Dukan, il y a du lourd. Citons simplement quelques noms de légende, juste comme ça pour la fine bouche : George «Give me The Night» Benson, Tom Jones, empereur des vieux beaux à la voix de velours, indémodable à force de n'avoir jamais été à la mode. Ou encore le saxophoniste Sonny Rollins, «Le Colosse», 81 ans, qui ne sort plus guère de chez lui que pour revenir à intervalles réguliers faire fondre les pierres du théâtre antique. Miles Davis n'étant plus en capacité physique de réaliser un tel exploit, ce sont pas moins de trois autres légendes qui lui offrent un Tribute clés en main en la personne de l'éternel Herbie Hancock, Wayne Shorter et Marcus Miller.

Pimp de l'espace
Ajoutons Al Jarreau et l'un des pères du tropicalisme brésilien, par ailleurs ancien ministre de la Culture en son pays, Gilberto Gil et le tout commence à ressembler à un véritable panthéon. Une maison de retraite ? Dites donc ! Non, car les jeunes sont également de la partie. Et des tout sémillants en plus : à commencer par le pianiste et play-boy de poche Jamiiiiiie Cullum ou la belle Ayo qui en se montrant sous un jour plus rock donne à sa musique les aspérités qui lui manquaient. Quant au très smart Raphael Saadiq il devrait, dans la catégorie «concours du soulman le plus vintage», donner quelques leçons de maintien au bien et mal nommé à la fois, Ben l'Oncle Soul. Mais Jazz à Vienne c'est aussi et surtout l'occasion de découvrir que toutes les musiques qu'on aime (ou pas) elles viennent de là elles viennent du blues. Quelle plus belle preuve que l'ex-popeuse 80's Cindy Lauper s'y est mis, au blues, avec son album Memphis Blues. Un changement qui est loin de n'être que capillaire. Mais pour beaucoup, nul doute que le clou du spectacle sera Bootsy Collins, 60 ans. Le mythique bassiste de funk (George Clinton, Funkadelic) au look de pimp de l'espace, viré par James Brown à cause de son penchant pour le LSD, a touché à tout. Et quand on dit à tout, on ne parle pas que de musique. Et le voilà qui revient sur scène avec un album bilan où brillent les amis et autres fans (Clinton, Snoop Dog, Chuck D...). Un concert haut en couleurs, d'ores et déjà paré pour entrer dans la légende de Jazz à Vienne.

Jazz à Vienne
Du mercredi 29 juin au mercredi 13 juillet


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