En prison

Coup de cœur / C'est autour d'une table ronde sur le thème de l'expérience de l'isolement et de l'enfermement que l'on retrouvera Carlos Liscano, auteur uruguayen condamné en 1972 à treiza ans de prison par le régime militaire auquel il s'opposait. Du traumatisme de ces années, l'auteur a conservé un leitmotiv, la hantise de la claustration, dont son dernier ouvrage, L'Écrivain et l'autre, témoigne de façon originale. Mélanie Vivenza


Le livre L'Écrivain et l'autre, ouvre sur une impossibilité : celle d'écrire un nouveau roman. Ce constat douloureux conduit alors Carlos Liscano à s'extraire du pur récit et à s'interroger sur les circonstances qui ont vu la naissance en lui de l'écrivain. Cet écrivain, il le présente comme un personnage fabriqué de toutes pièces lorsqu'il était en prison. Dans ces geôles où «la vie n'était pas donnée», c'est une sorte compagnon qui lui a permis de recréer le monde. Des années après, confronté à son incapacité d'écrire, Liscano évoque le surgissement d'une autre partie de lui-même qu'il avait presque oubliée : l'homme du quotidien, l'homme du silence. Piégé par sa propre création, il prend dès lors conscience de l'emprise de l'écriture sur son existence. Situées dans un constant dédoublement, ces lignes formulent toute la difficulté de l' auteur à vivre autrement que par la littérature, lui qui avait tenté, par elle, «d'échapper à la place qui lui été assignée» dans la société. Il y a chez Liscano quelque chose d'une franche simplicité dans l'expression de cette crise profonde qui le touche. Dépouillé de tout artifice il avance, seul, ne cherchant pas l'emphase dans les mots, mais la vérité. Au fil des pages, l'auteur s'interroge sur L'Écrivain et l'autre : «Écrire sur le roman et la littérature, est-ce de la littérature ?». La réponse est oui.L'expérience de l'isolement et de l'enfermement
Aux Subsistances, Dimanche 29 mai à 16h30


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