Tokyo Mon Amour


Carte blanche / Si Paul le Poulpe était toujours de ce monde, on aurait pu soupçonner Arty Farty d'avoir consulté l'oracle avant de boucler sa programmation. Au moment où, fin 2010, Violaine Didier aurait brassé du tarot pour savoir quelle direction donner à la traditionnelle Carte Blanche, Paul aurait levé un tentacule tremblant en pointant l'Est, l'Empire du Soleil Levant. Hélas, personne n'a vu venir le séisme japonais, et c'est donc en se gardant de toute sinistre prémonition que Nuits sonores accueille cette année une délégation d'artistes tragiquement à propos. Tapis rouge et carte blanche, donc, à Tokyo. Et comme on dit souvent «les femmes et les enfants d'abord» en cas de cata, citons pour commencer deux girls bands parmi ces valeureux invités. OOIOO (vendredi 3 juin), quatuor féminin formé par la batteuse des Boredoms, viendra souffler son cyclone noise-pop expérimental à base de chants saccadés et de mélange des langues. Prononcer «oh-oh-aïe-oh-oh» pour la phonétique, prélude à leur monde d'onomatopées en mode hystérique. Tout aussi «femmes s'en mêlent», Nisennenmondai (samedi 4 juin) brouille pêle-mêle les pistes entre post-rock et bandes-son pour cataclysme. D'ailleurs leur nom de scène n'est autre que la traduction nippone du fameux bug de l'an 2000. De quoi donner du code à bouffer à Motoko Kusunagi, l'héroïne de Ghost In The Shell (jeudi 2 juin), qui reste avec Avalon le film culte des hackers et des geeks. Ceux qui, aux réalités virtuelles, préfèrent les savants fous qui jouent en chair et en live, pourront tâter vendredi 3 juin des prouesses de Daito Manabe, platiniste mathématicien. Dans le genre éclairé, ce collaborateur de Ryuchi Sakamoto est notamment connu pour ses expériences avec l'électricité. De là à dire que son «art du voltage modéré» pourrait boucler la boucle et rabattre le caquet aux ingénieurs du nucléaire, il n'y a qu'un ampère… Que l'on fera jaillir en réécoutant, profil bas, l'inoxydable Radioactivity de Kraftwerk d'ici là. Stéphanie LopezCarte Blanche à Tokyo
Au Musée d'Art Contemporain, du jeudi 2 au samedi 4 juin


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