Artiste du montage

---

Dans son film Angola, Guillaume Robert fait circuler dans la bouche de différents personnages des bribes de textes aussi différents que le Journal de Goebbels, un témoignage de migrante africaine, des extraits de l'auteur de polars Flann O'Brien, des récits antiques... Les acteurs se trouvent dans des champs (des limbes ?) et prennent certaines postures picturales ou chorégraphiques. On assiste à une étrange circulation des corps, de quelques morceaux de musique et de fragments d'écrits hétérogènes, disparates... Né en 1975, formé à l'École d'arts de Brest, vivant à Lyon, Guillaume Robert est à la fois vidéaste, metteur en scène, plasticien. Il crée d'énigmatiques agencements de matériaux et de sens à travers ses dispositifs filmés, scénographiés ou exposés... «De l'image, des corps, du langage, de l'espace, du temps offrent à ce qui a été prélevé une recomposition, dessinant des narrations molles, ouvertes, elles-mêmes portées par ce à quoi sont réduits les éléments utilisés: des impressions de déjà vu, des amorces de signes jouant entre eux, luttant entre eux, se juxtaposant, exposant ce qui les joint et ce qui les disjoint, ce qui les distingue et ce qui les confond», écrit-il.This isn't a poem
À la galerie Besson, son exposition intitulée «This isn't a poem» propose deux ensembles d'œuvres. Le premier s'articule autour de l'idée de dispositifs sécuritaire : des balles de Flash-Ball composant le mot anglais «Know-how» (pour un «savoir-faire» bien français quant à lui), et une série de plans très détaillés de guérites et de miradors, réalisés à partir de photographies prises «illégalement» en Algérie. Le second est le premier jet d'un scénario s'inspirant de l'affaire Tarnac (en novembre 2008, Julien Coupat, sa compagne Yldune Lévy et plusieurs autres personnes sont arrêtés par la police anti-terroriste et accusés de sabotage d'un TGV...). Guillaume Robert a écrit un texte lyrique servant de matrice à son scénario qui se décline concrètement dans la galerie en photographies, objets (dont le fameux crochet en fer servant à arrêter les TGV ou une ruche pouvant constituer une «cache insurrectionnelle dans les campagnes françaises»), et quatre petits films où l'on voit un forgeron fabriquer le crochet, des acteurs dire un texte éclaté de Bakounine, un apiculteur s'occuper d'une ruche... Ce projet intitulé «Yldune-égérie» se veut une sorte de docu-fiction explorant la représentation du réel, une situation politique, tout en prenant quelques libertés poétiques, ludiques, imaginaires. Le sens sinue, s'invente, s'offre en partage.Guillaume Robert, «This isn't a poem»
À la Galerie Françoise Besson
Jusqu'au samedi 18 juin

---