The Prodigies

D'Antoine Charreyron (Fr-Belg-Lux, 1h27) animation


À la manière des mangas japonais, The Prodigies tente de creuser une voie sérieuse pour l'animation française, loin des films interdits aux plus de 12 ans qui déferlent sur les écrans. Même si on peut reprocher à Antoine Charreyron d'avoir cédé à quelques scories dans l'air du temps (notamment la 3D, une fois de plus dispensable, qui empêche de saisir pleinement le beau travail graphique du film), il faut lui reconnaître une énorme qualité : il ne transige pas sur la noirceur du récit, adapté d'un livre de Bernard Lenteric adulé par une partie de la communauté geek. Ce sont justement des geeks qui sont les héros du film, adolescents surdoués en colère contre un monde qui les rejette et envers lequel ils se vengent grâce à des pouvoirs de télépathie. Un peu Sucker Punch et beaucoup Akira, The Prodigies ne tente que rarement de détourner le regard lorsqu'il aborde les aspects les plus ambigus de son sujet. Tout est dit quand, dans l'introduction, le nerd Jimbo tue son père abusif en le poussant à se pendre avec sa ceinture. Face à la violence, la réponse est souvent plus violente encore, et le film décline cette thématique jusqu'à sa fin ouverte et inquiétante. Dommage que ce propos adulte soit souvent plombé par des dialogues puérils entre charabia technique et syndrome Plus belle la vie (où l'on répète à chaque réplique le prénom du personnage à qui l'on s'adresse), et que, comme souvent chez les geeks, la représentation du sexe relève d'un puritanisme bizarre probablement hérité d'une culture exclusivement anglo-saxonne.
Christophe Chabert


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