Et vogue le navire / La Cité des femmes

Federico Fellini Gaumont


La sortie de Et vogue le navire et La Cité des femmes rend désormais l'œuvre de Fellini disponible dans son intégralité pour le cinéphile français. Pourtant, il s'agit de deux films imparfaits de la part d'un cinéaste qui n'avait pas peur de se lancer des défis, au risque de les perdre. La Cité des femmes où Marcello Mastroianni, symbole vivant du patriarcat italien, se trouve enfermé dans un monde onirique uniquement dirigé par des femmes, n'est pas exactement la parabole politique que son argument laisse présager. Il s'agit surtout pour Fellini de mettre au centre d'un de ses films une obsession qui parcourt toute son œuvre : la fascination pour le corps féminin, déraisonnable jusqu'à la mauvaise conscience. Comme si Fellini devait affronter ce paradoxe, La Cité des femmes est une œuvre schizophrène, baroque et bordélique. Tout autre est le projet de Et vogue le navire : Fellini y crée son arche de Noé personnelle, mais celle-ci n'est pas là pour répondre à la fin du monde, mais à la mort annoncée du cinéma, bouffé par la télévision. Premier volet d'une trilogie crépusculaire (avec Ginger et Fred en mode satirique et Intervista en mode nostalgique), Et vogue le navire célèbre le gigantisme mégalo de son metteur en scène par une fresque où tout est artificiel : regardant la toile peinte qui figure un coucher de soleil sur la mer, un des personnages s'exclame : «On dirait un décor !». Loin du réalisme télévisuel, Fellini croyait encore en la magie du cinéma.CC


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Bien vivant !