«Ils ne pensaient pas qu'un blanc ait pu écrire ce genre de choses»

Entretien / Emmanuel Daumas, comédien et metteur en scène talentueux formé à l'École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, à Lyon, présente les Nègres de Jean Genet. Ou l'aboutissement d'un projet de longue date. Dorotée Aznar


La Genèse
Voilà cinq ans qu'Emmanuel Daumas préparait sa participation aux Nuits de Fourvière. L'un des enjeux de sa mise en scène des Nègres était de développer une véritable collaboration avec l'Afrique. Emmanuel Daumas : «Les Nègres, c'est un projet qui s'est fabriqué sur le long terme. C'est un projet global, pas un spectacle pittoresque sur l'Afrique. Le spectacle a été créé à Cotonou avec treize acteurs, dont 12 Béninois»Genet et l'Afrique
ED : «Je ne sais pas si Genet connaissait bien l'Afrique noire, mais la première didascalie des Nègres fait référence à la lumière, aux néons. Or, j'ai été marqué par les lumières en Afrique, très différentes de ce que l'on connaît en Europe. J'ai donc pris Genet au pied de la lettre et tout éclairé au néon».L'Afrique et Genet
ED : «Au Bénin, Jean Genet est un inconnu, aussi inconnu que sa pièce, Les Nègres. Les acteurs avec lesquels je travaille étaient étonnés, ils ne pensaient pas qu'un blanc ait pu écrire ce genre de choses».L'Afrique et les Africains
ED : «Les Nègres est une pièce qui joue en permanence avec les clichés. Les personnages passent leur temps à dire «on est des nègres», ils font «les bons nègres», les «méchants nègres», qui dansent, qui sont sensuels… Ils donnent au public blanc ce qu'il veut voir. Cette pièce est étonnante car elle met en scène un règlement de comptes entre blancs et noirs mais aussi un règlement de comptes des noirs entre eux. Ce dernier élément, souvent négligé quand la pièce est montée en Europe, est devenu, notamment depuis les événements en Côte d'Ivoire un élément majeur, troublant, émouvant».Les Nègres
Au Théâtre du Point du Jour Du lundi 20 juin au vendredi 24 juin


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