Wonderboy

Depuis l'automne 2010, Fabien Vehlmann est Monsieur Spirou. Une consécration pour celui qui a débuté douze ans plus tôt dans les pages du journal du même nom et s'y est imposé comme l'un des scénaristes les plus captivants de sa génération. BM


Portrait / Qu'on goûte ou non les aventures du groom le plus célèbre de la planète, force est de reconnaître qu'il n'est pas donné à tout le monde de succéder aux figures historiques de la BD dite franco-belge que sont Jijé et Franquin. Même pour qui a eu l'insigne honneur d'inaugurer une série de relectures libres de l'emblème des vénérables éditions Dupuis (Une aventure de Spirou et Fantasio par...). Non, si ce quadragénaire landais en est arrivé là, ce n'est ni par hasard, ni par corporatisme. C'est évidemment et d'abord par passion, celle-là même qui l'a fait sortir des rails d'une carrière post-école de commerce toute tracée pour embrasser celle de scénariste touche-à-tout. C'est aussi et surtout grâce à son machiavélisme. Lire une histoire de Fabien Velhmann, fusse-t-elle assimilable à du polar, à du fantastique, à de la science-fiction ou à de l'aventure, provoque les mêmes sensations que l'exploration d'un palais des glaces, du nom de ces labyrinthes tapissés de miroirs qu'inspira jadis la Galerie des glaces de Versailles à un notable néerlandais : désorienté et mu par un impérieux désir d'en connaître l'issue, on s'y prend une déviation dans le pif dès qu'on pense avoir deviné les intentions du maître des lieux. Une science du suspens dont Green Manor et Seuls constituent les plus enthousiasmantes applications. Caustique et conan-doylien, le premier, dessiné par Denis Bodart, suit le quotidien d'un club de gentlemen où monocles et redingotes cachent des crimes des plus pervers. Le second, mis en images par Bruno Gazzotti, se paye carrément le luxe de mettre à l'amende la série Lost en contant l'apprentissage de la (sur)vie en société d'une bande de mioches se réveillant un matin pour découvrir que tous les adultes du monde ont disparu. Le reste de la biblio du bonhomme est à l'avenant : irréprochable.


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