Le paysage sous toutes ses coutures

---

La «Veduta» est un terme italien «qui renvoie à la fois à la vue comme perception physique, faisant naturellement allusion aux tableaux composés par Canaletto ou Bellotto, mais il évoque également l'idée, le projet, la «vue de l'esprit», c'est-à-dire une conception mentale et théorique du paysage», écrivent Cyrille Noirjean et Gwilherm Perthuis. Les deux commissaires organisent à la galerie Descours et à l'URDLA une passionnante exposition en deux volets autour du thème de la Veduta et du paysage. Celui-ci, on l'aura compris, est pris au sens le plus large possible, du paysage fantasmé à celui exécuté avec beaucoup de réalisme, du paysage bucolique aux autoroutes contemporaines, de la figuration à l'abstraction... L'idée de cette exposition thématique est aussi de montrer quelques continuités, quelques liens, quelques correspondances entre des œuvres de différentes époques artistiques, à rebours d'une, ou parallèlement à, histoire de l'art opérant par grandes ruptures chronologiques (le classicisme, le romantisme, le modernisme, le post-modernisme...). Il s'agit ainsi de «faire vibrer des objets ou des images ancrés dans des temporalités différentes et de proposer des lectures renouvelées d'œuvres parfois trop encadrées ou enfermées dans leur propre contexte».Œuvres ouvertes
Ces hypothèses comparatistes sont évoquées à la galerie Descours où des estampes contemporaines voisinent avec des tableaux ou des dessins anciens (datant essentiellement du XIXe Siècle). Les regroupements déclinent ainsi le paysage anthropomorphe, le rêve, l'utilisation du clair-obscur, la nature détaillée... On y découvre des tableaux surprenants ou émouvants signés Alexandre Desgoffe, Knude Andreassen Baade, Jean Antoine Constantin d'Aix, aux côtés d'oeuvres plus contemporaines et tout aussi passionnantes des lyonnais Frédéric Khodja et Jérémy Liron, ou encore d'un ciel abstrait de Marcia Hafif... À l'URDLA, l'accrochage réunit des estampes, des photographies et des dessins contemporains répartis par sous-thématiques : le paysage «naturel», le paysage urbain, les vues de l'esprit, les cartographies, etc. L'exposition est dense et fourmille de pépites artistiques : les fantasmagories nocturnes de Eric Corne, les compositions déglinguées de Jérôme Zonder, les esquisses du metteur en scène Robert Wilson, un projet de l'architecte Renzo Piano pour la Cité Internationale, les lithographies de Jean Criton illustrant des textes du poète Bernard Noël... Vedute
jusqu'au 29 juillet à l'URDLA et jusqu'au 31 août à la galerie Michel Descours.Catalogue avec des textes de Diderot, Jean-Claude Silbermann, Jérémy Liron, 15€

---