Madame chute


Expo / Au fond du jardin, dans un coin, il y a un truc qui s'est écroulé : de la terre effondrée dans un coffrage à moitié déglingué, avec des tuiles autour... C'est presque beau et on se dit avec malice que ça pourrait constituer l'une des œuvres les plus intéressantes de la nouvelle exposition un peu décevante (trop sage ?) à la Fondation Bullukian. En fait, c'en est bel et bien une ! Et sa conceptrice, Fanny Melay a la gentillesse de nous la présenter patiemment, et même de nous présenter à Madame chute. Elle nous la décrit comme s'il s'agissait d'une peinture, avec sa palette de couleurs qui rappelle par exemple les tons rosés des murs lépreux du jardin, ses horizontales et ses verticales étudiées, sa matière picturale faite de trois tonnes de terre (du pisé et une autre terre moins brune). Bien sûr, la jeune artiste stéphanoise (née en 1985) s'intéresse plutôt et surtout aux volumes, à l'architecture, au bâti, au paysage... Mais qu'importe, l'entretien est un peu surréaliste et aurait sans doute plu aux contempteurs un peu bornés de l'art contemporain : l'artiste parle avec passion et précision d'une œuvre qui, dans un premier temps du moins, ressemble à un bric à brac de chantier à l'abandon. Ce n'est certes pas un chef-d'oeuvre, mais elle nous plaît bien Madame C. avec son sourire oblique et vert qui lui barre le visage. Elle est présentée (avec d'autres oeuvres de trois artistes au total) dans le cadre d'une série d'expositions Local Line lancée par le Musée d'art moderne de Saint-Etienne, défendant des artistes de la ville, en France et à l'étranger. Jean-Emmanuel DenaveLocal Line 7
À la Fondation Bullukian Jusqu'au samedi 23 juillet


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