À la Pains


«La critique est facile, l'art est difficile», disent généralement les poètes à deux sous. Heureusement, le pastiche (et le pastis aussi, mais ça c'est une autre histoire, à boire avec modération) permet bien souvent de réduire la distance qui les sépare et ils finissent par se faire des clins d'œil du style «chez toi ou chez moi ?». C'est ce à quoi contribue, peut-être bien malgré lui, on ne saura jamais vraiment, un groupe tel que The Pains of Being Pure at Heart.

Depuis deux albums, les Brooklynites explorent le terrain longtemps redevenu vague de la pop anglaise des années 90. Le second, Belong, appartenant plutôt au genre noisy qui de Teenage Fanclub à Ride, de The Jesus & Mary Chain à My Bloody Valentine partait à l'assaut de notre cerveau reptilien à coups de mélodies imparables enfouies sous des murs de guitares. Ce que le groupe nie mollement, sans doute un peu par coquetterie. Les psychanalystes musicaux parleraient d'un cas typique de dénégation. Surtout de la part d'une formation qui pousse le bouchon jusqu'à faire appel à deux des metteurs en son incontournables des années 80, le binôme longtemps insécable Flood/Alan Moulder, également responsable du fantastique Mellon Collie de Smashing Pumpkins et ici au sommet de sa forme.

Du coup, avec la fraîcheur de leurs 20 ans, The Pains sonnent sans peine comme tout ça à la fois. Comme un groupe capable de courir comme des dératés sur les plates bandes de New Order en compagnie des Field Mice. The Pains of Being Pure at Heart ce n'est plus la madeleine de Proust, c'est carrément la pièce montée. On frôle parfois l'indigestion mais c'est aussi parce qu'on ne sait pas s'arrêter.

Stéphane Duchêne

The Pains of Being Pure at Heart

A l'Epicerie Moderne

Dimanche 21 octobre 


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