Le retour de Bootzilla


Inséparable de l'histoire du funk – et de celle du LSD, mais c'est une autre histoire –, Bootsy Collins a livré dernièrement une sorte de testament funk, The Funk Capitol of The World. Le bréviaire d'une carrière longue de plus de 40 ans où il rend hommage aux artistes avec lesquels il a collaboré. Ainsi, d'ailleurs, qu'à lui même. Car si Bootsy Collins est devenue une légende du funk c'est d'abord dans l'ombre des mythes du genre – ce qui est généralement le destin de tout bassiste. On le verra ainsi un temps, avec son frère, derrière James Brown, alors en pleine bourre. Lequel le virera pour une certaine forme d'indiscipline due à la prise excessive de substances lysergiques (Bootsy aurait eu des hallucinations sur scène durant un concert). Perché comme jamais, Collins rejoint alors en 1972 le non moins aérien George Clinton et son Funkadelic, vaisseau funk et psychédélique qui semble avoir été inventé pour permettre à Bootsy de briller à nouveau. Et de mille feux, il ne cessera de briller, de par son style inimitable à la basse, tout en syncope azimutée. Mais aussi grâce à des costumes constellés d'étoiles et de scintillements divers qui font de Collins une sorte de Père Noël (ou de sapin) cosmique et qui contribueront presque autant à sa légende que sa musique. La carrière «solo» de Bootzilla qui s'étend de 1976 à aujourd'hui sous différentes appellations sera inégale, mais The Funk Capitol of the World en est un beau résumé. Surtout, la pléiade d'invités (dont une intervention posthume de Jimi Hendrix), de Snoop Dogg à Chuck D (Public Enemy), de Clinton (George, donc) à l'acteur Samuel L. Jackson, en passant par Bobby Womack, traduit l'influence qu'aura eu ce grand bonhomme un peu cramé sur le large spectre de la musique noire. Noire mais pas que, puisque Collins est aussi une référence du heavy metal, collaborera avec Deee-Lite, Fatboy Slim, les Soup Dragons et tant d'autres. Pour un soir Bootsy fera donc de Vienne la capitale du funk. Et, lui qui a bien connu un Clinton, en sera immanquablement le président. Stéphane DuchêneNuit Funk: Bootsy Collins «Funk Capitol of the World Tour» + Larry Graham & Graham Central Station + Brooklyn Funk Essential
Au Théâtre antique de Vienne
Samedi 9 juillet


<< article précédent
Il n’y a que Miles qui Miles