Roulez jeunesse


Tom Jones, Rhoda Scott, Sonny Rollins, Al Jarreau, Gilberto Gil, une maison de retraite, Jazz à Vienne ? Plutôt le signe que ces gens-là ont bien du mal à raccrocher, micro, saxo, piano et guitare. Et qu'ils font bien plus que de l'ombre à la jeune garde qui complète la programmation du festival (Raphael Saadiq, Jamie Cullum, Ayo, Matt Dusk...). En témoigne le toujours fringant Ahmad Jamal (à voir le 4 juillet), sans doute le plus mal connu des grands du jazz, que sa date de naissance (2 juillet 1930) aurait dû conduire depuis un moment à profiter d'une retraite bien méritée. Mais l'ancien protégé de Miles Davis est de ceux qui se bonifient avec l'âge. Pour ne pas dire qu'il rajeunit à vue à d'œil. C'est d'ailleurs une notable différence avec le rock : généralement le rocker, au pire vieillit mal, au mieux meurt jeune dans une flaque de vomi, quand le jazzman avale les décennies avec bonheur (même si dans les deux cas il y a des exceptions). Car c'est ainsi, avec le temps que se polit le talent de ces hommes-là, que grandit leur légende et que s'acquiert, comme pour le pianiste de Pittsburgh, le statut de «maître» ou de prophète.


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