Pas très en forme, les formes


Expo / «À l'avenir, laisse venir, laisse le vent du soir décider», chante Alain Bashung dans l'album L'Imprudence. L'exposition du Parisien John Cornu (né en 1976), elle aussi, «laisse venir» et voudrait presque que les formes et les objets apparaissent d'eux-mêmes. Philosophie orientale du non-agir et du non-choix ou philosophie de l'artiste fainéant, allez savoir… Ce qui est certain en revanche, c'est que le travail de Cornu est intelligent et bardé de références : à l'art conceptuel, à l'art minimaliste américain, au romantisme des ruines et de la désolation. Trois grandes structures en métal, telles de grandes antennes de télévision noires échouées, nous accueillent au début de l'exposition. Et si les formes naissent d'elles-mêmes, force est aussi de constater qu'elles sont “fatiguées“, voire épuisées ou moribondes. Dans une autre salle, l'artiste présente Sonatine, en résonance avec le film de Takeshi Kitano Sonatine, mélodie mortelle. Mais, ici, c'est un simple néon qui meurt et dont on perçoit les derniers râles électriques amplifiés. Pour les gens hyperémotifs (les amateurs d'art contemporain autrement dit) c'est très touchant un néon qui rend l'âme (combien d'artistes ne l'ont pas utilisé dernièrement de Bruce Nauman à François Morellet en passant par Alberola et tant d'autres !). On en oublierait presque la Syrie et le Japon, il faut faire attention. «Dans ma cornue j'y ai versé une pincée d'orgueil mal placé, un peu de gâchis en souvenir de ton corps», chante aussi Bashung. Jean-Emmanuel DenaveJohn Cornu, «Laisse venir»
À la BF15
Jusqu'au samedi 30 juillet


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