Lacan, 30 ans plus tard


Contrariée par un gouvernement qui voudrait contrôler sa pratique, mise à la corbeille par les influentes neurosciences ou les nouvelles psychothérapies comportementales qui la trouvent inefficace, attaquée en dessous de la ceinture par le philosophe Michel Onfray qui fait de Freud une sorte de cocaïnomane frustré et réactionnaire, la psychanalyse traverse une période pour le moins difficile, loin de sa prééminence théorique et institutionnelle dans les années 1970-80. Sans oublier qu'elle est elle-même souvent son meilleur ennemi avec ses guéguerres intestines et ses subdivisions ésotériques… En 1981 mourait Jacques Lacan, dernier grand théoricien en date ayant renouvelé et revivifié la pensée psychanalytique à l'aide de la linguistique, de la philosophie et de la topologie. L'incontournable historienne Elisabeth Roudinesco retrace de manière condensée cette aventure intellectuelle dans son livre Lacan, envers et contre tout (synthèse actualisée de sa biographie de Lacan, avec ici et là quelques copiés-collés flemmards). Le linguiste et philosophe Jean-Claude Milner revient quant à lui sur l'ensemble de son œuvre hétéroclite, très influencée par Lacan, dans un passionnant livre d'entretiens, Clartés de tout. Que Milner puisse écrire par exemple que «seul un univers où les morts ressuscitent peut admettre que coït et plaisir se nouent… Le plaisir sexuel est une invention judéo-chrétienne» pousse évidemment à aller l'écouter et à le «cuisiner» sur ce surprenant parallèle ! Les deux intellectuels parleront de leurs livres et de la postérité de Lacan. On pourra compléter ce débat roboratif par un passage au Musée des Beaux-Arts où est exposé le Coffret à l'objet petit a de l'artiste lyonnais Jackie Kayser. Jean-Emmanuel Denave«Jacques Lacan, toujours et encore», le 22 septembre à l'Institution des Chartreux.


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Laura Marling