A découvrir absolument

Cette belle saison automnale qui s'annonce sera aussi l'occasion de découvrir une flopée de nouveaux talents venus d'un peu partout — et même de Lyon. Stéphane Duchêne


Dans le calendrier musical c'est souvent à l'automne, saison du renouveau de la programmation, que viennent fleurir les nouvelles plantes. Le parfum de nouveauté, les effluves de talent, la promesse d'une renommée et, souvent, le succès d'un disque, viennent chatouiller les narines (et les oreilles) du programmateur averti, qui souvent en vaut deux. Ainsi fait-on déjà, sans doute, de Selah Sue une sorte d'Amy Winehouse flamande (et surtout vivante). Il faut dire que la jeune Belge (22 ans et donc encore en course pour le club des 27, ouf !) a le cheveu blond comme la bière, la voix amère comme le picon et le disque (déjà) de platine. À ce niveau là, on ne peut plus guère parler de découverte, mais sur une scène lyonnaise, le Transbordeur le 4 novembre, c'en sera une. Non loin de là, en Wallonie, le Ninkasi, toujours sous le coup d'un «Coup de cœur», est allé nous dénicher Applause, preuve que la pop belge est décidément fertile en talents. En revenant, les gens de Gerland sont passés chercher les excellents Concrete Knives, que la fièvre de la pop afrophile à la Vampire Week-end est allée saisir du côté de Caen. Voilà deux groupes dont on devrait reparler, ces derniers repassant en novembre au Festival Nouvelles Voix. Autres frenchies (qui joueront le même soir au Marché Gare le 1er décembre ) : Le Prince Miiaou, qui est en fait une princesse aux mœurs musicales inclassables et brut de décoffrage, et Frànçois & The Atlas Mountain, Charentais exilé à Londres dont le dernier album E Volo Love (attention palindrome) est annoncé comme la sensation de la saison (le premier avait déjà eu son petit succès). À l'international, comme on dit, on attend beaucoup de la venue, grâce au festival des Inrocks, du groupe Other Lives, from Stillwater, Oklahoma, découvert sur la foi d'un single (For 12), qu'accompagne un clip de toute beauté à l'ambiance kubricko-martienne à l'avenant de leur musique en suspension. L'attente sera sans doute aussi importante pour l'OVNI Connan Mockasin qui, en bon néo-zélandais, à la tête dans les étoiles, mais à l'envers. Quant à la nouvelle petite merveille annoncée, estampillée «meilleur groupe british du monde de l'année», Wu Lyf, elle aura les faveurs d'un Echo Sonore en décembre. De quoi justifier l'écho médiatique de ces gueulards de mancuniens. Noix de coco en Islande
«Et ils sont où les Lyonnais ?» s'inquiète le rocker régionaliste. Eh bien, en dépit du sempiternel manque de moyens, des scènes qui prennent l'eau et des sangliers qui ont mangé des cochonneries, ça fourmille dans tous les coins. Et même ça émerge un peu partout au point que cette année, il faudra suivre de près un certain nombre d'artistes du crû qui pourraient bien surprendre. On commencera avec les Salmon Fishers, oscillant entre les embardées d'Arcade Fire et les envolées des meilleures formations islandaises. C'est que la rumeur enfle sur ce collectif prodige depuis son premier EP From Ocean to Land (accompagné d'un bien joli clip). Le deuxième EP, Coconuts, arrive le 7 octobre et, en guise d'amuse-gueules, le titre Coconuts in Iceland ? disponible sur le net fait déjà saliver. On poursuivra avec Taïni & StroNgs qui, après même pas un an d'existence mais une détermination farouche de tueur à gages, collectionne les trophées (dernier en date, les Nouveaux Talents en Beaujolais) et les prestations rentre-dedans. Leurs forces : une power-pop qui déchausse les dents (le pétaradant EP Catch Me If You Can) et une chanteuse de poche qui décroche les mâchoires. Tous les espoirs sont permis également pour Ronan Siri, folkeux fou du barbu Ray Lamontagne qui, s'il n'est pour l'instant lui-même qu'une petite colline imberbe, voit son talent d'auteur-compositeur-interprète croître à vue d'oeil. Si les petits cochons ne le mangent pas, et si les fans ne le transforment pas en chanteur à minettes (il est mignon c'est quand même pas une tare), le protégé de Benjamin Biolay devrait emporter le morceau avec un album actuellement en phase de peaufinage. À surveiller également, l'agitation incessante qui émane des labels Honey Pie (Welling Walrus, Pm's Better) et surtout Echo Orange qui vient de compiler ses plus beaux fruits sur Orange Juice, en même temps qu'il fête la sortie d'un nouveau EP (A Boy EP) des indéboulonables porte-drapeaux d'un rock local aux accents très british, les toujours au top A*Song. Enfin, on gardera un œil sur Les Marquises pour qui tout va très bien puisque l'album Lost Lost Lost, décortiqué par le menu dans ces pages, est enfin transposé sur scène à l'occasion d'une tournée qui passe par Lyon cette semaine.


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Festival d’Amérique Latine