Inédits (mais plus pour longtemps)

Parmi les films présentés lors du prochain festival Lumière, les cinéphiles pourront découvrir un certain nombre d'inédits en salles, et parfois même en vidéo. Petit tour d'horizon de ces raretés qui ne doivent pas être oubliées au milieu des événements de l'événement. Christophe Chabert


En feuilletant le (beau) catalogue du troisième festival Lumière, on découvre avec étonnement que, dans la rétrospective Yakuza !, la plupart des films présentés sont inédits en salles. Certes, les cinéphiles ont pu découvrir Police contre syndicat du crime ou Guerre des gangs à Okinawa grâce aux éditions DVD signées Wild side. Mais ces œuvres tournées dans un scope majestueux, aux couleurs explosives et aux mises en scène spectaculaires méritent d'être vues sur un grand écran. Au fil des thématiques et des cycles proposés au cours du festival, les inédits sont nombreux : une partie de la rétrospective Wellman, le film turc La Loi de la frontière présenté par Fatih Akin, le film polonais Jowita… Ou encore cet énigmatique dessin animé américain, The Plague dogs, signé par un certain Martin Rosen, dont les organisateurs viennent d'annoncer qu'il pourrait être présenté par rien moins que Roger Avary, mythique co-scénariste de Pulp fiction et réalisateur des très bons Killing Zoé et Les Lois de l'attraction. À suivre, de près !

Enquête sur un cinéaste au-dessus de tout soupçon

En choisissant le Musée national du cinéma de Turin comme cinémathèque invitée du festival, Lumière permet de découvrir l'œuvre d'un cinéaste italien dont l'importance commence à être reconnue à sa juste valeur : Elio Petri. L'année dernière, la copie neuve de La Classe ouvrière va au paradis avait été un des événements de Lumière ; elle faisait suite à la ressortie en DVD d'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, autre film majeur de Petri, probablement son plus célèbre. Deux films inédits en France du réalisateur seront donc montrés dans le cadre de cette invitation, dans des copies restaurées par la cinémathèque turinoise : L'Assassin (1961) réunit Marcello Mastroianni et Micheline Presle autour d'un polar kafkaïen où un antiquaire sans scrupule est arrêté pour le meurtre de sa maîtresse, dont il nie être l'assassin. Petri, marxiste convaincu, posait dès son premier film une vision radicale et critique des institutions de son pays ; avec I giorni contati (1962), il porte son regard sur la condition ouvrière, imaginant un travailleur qui, prenant conscience de la brièveté de son existence, décide de quitter son usine et de profiter de la vie. Si Elio Petri est un cinéaste engagé, il est avant tout un fabuleux metteur en scène, sa rage étant avant tout filmique et son style brutal, chaotique, physique. On pourra aussi s'en rendre compte avec le documentaire Elio Petri, notes sur un auteur, que le festival projette en complément de cet hommage opportun.


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