Le Beau Serge / Les Cousins

Claude Chabrol Gaumont vidéo


Curieusement inédits en DVD, les deux premiers films de Claude Chabrol sortent enfin dans des éditions soignées (notamment les Blu-Ray, dans lesquels on trouve en plus deux courts-métrages tournés par Chabrol pour des films à sketchs dans les années 60). On a l'habitude de dire que Le Beau Serge marque le vrai début de la Nouvelle Vague. Mais le film est surtout une variante française autour du néo-réalisme italien, jusque dans ses thèmes, très éloignés du reste de l'œuvre chabrolienne. La vraie révolution du Beau Serge, c'est l'indépendance de son financement, son artisanat créatif, son tournage en décors naturels loin des studios. Mais Les Cousins est, dans le fond, beaucoup plus important. Chabrol, qui n'a jamais caché son admiration pour la Comédie humaine balzacienne, en livre une vision contemporaine à travers les rapports entre deux cousins, l'un provincial, puceau et introverti (Gérard Blain), l'autre parisien, dandy et pervers (Brialy).

Les manipulations du second sur le premier portent l'empreinte du scénariste Paul Gégauff, qui n'aimaient rien tant que croquer les mœurs de son temps avec un anarchisme ricanant ; quant à la mise en scène de Chabrol, elle affirme les grands principes qui seront ceux du cinéaste jusqu'à sa mort. Ici, la caméra ne se contente pas de regarder l'action, elle y participe et l'enrichit sans cesse de nouvelles significations. Maître d'un découpage d'autant plus implacable qu'il finit par être invisible, Chabrol s'amuse à adopter des points de vue différents pour en fin de compte imposer le sien, à la manière de ses maîtres Hitchcock et Lang. Christophe Chabert


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