A couteaux tirés


Même amputé de son Kao, le Ninkasi a toujours du cœur. Et donc les « coups » qui vont avec et viennent régulièrement frapper à la porte du Kafé.

Dernier en date : un jeune groupe de Caen nommé Concrete Knives.
Bizarre : allez donc couper quelque chose avec un « couteau en béton » à part peut-être des cheveux en quatre. C'est tout le paradoxe de ce groupe dont la raideur rythmique tranche comme une lame japonaise. Pour le reste, c'est tout en élasticité joyeuse que ce quintette étale sa culture musicale sur une tartine pop-punk qui tombe toujours du bon côté. Découverte du Printemps de Bourges, on se permettra néanmoins de signaler que la sélection de Concrete Knives par l'antenne Basse-Normandie est une erreur. C'est un passeport new-yorkais, tendance brooklynite, qu'agite leur musique, aspirant Vampire Weekend aux accents panafrico-paulsimoniens (période Graceland, bénie soit-elle) comme sur Brand New Start ; Yeasayers compulsifs à la positivité contagieuse ; Animal Collectif où le chant se pratique en choeur dans le sillage de la sémillante Morgane Colas, seule fille du groupe mais visiblement porteuse de la culotte et du culot général.

Chez les Concrete Knives, les lundis sont forcément joyeux (Happy Mondays, tiens, tiens) et donc – même si ces jeunes gens ont l'air sain comme une cagette de pommes bio – aussi sujets aux mélanges qu'aux danses psychotropiques sur tout un tas de tropismes pop. « You Can't Blame the Youth » clame, à la manière de Bob Marley jadis, le titre de leur EP cinq titres amphé-vitaminé jusqu'à la gueule. Effectivement si, comme disait le Grand Charles, la vieillesse est un naufrage, Concrete Knives a compris qu'à l'inverse la jeunesse est un abordage. Stéphane Duchêne


Concrete Knives + Yeasty Kids + From Here to Fame
Au Kafé, vendredi 30 septembre.
« You Can't Blame the Youth » (Aka publishing/Family Tree)


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