Tyler le créateur


C'est un motif récurrent du film d'épouvante. Tourmentés par un esprit plus frappeur que farceur, les protagonistes du film (famille en instance d'implosion, artisans du bâtiment trop curieux, baby-sitter malchanceuse, médecin traitant qui passait par là) se rendent compte, malheureusement trop tard pour la survie de tous, qu'une mystérieuse et inquiétante silhouette apparaît sur le moindre de leurs souvenirs photographiques.

Flippant, le phénomène n'est cependant pas exclusif au septième art. Tenez, rassemblez vos disques de country alternative favoris, qu'on suppose estampillés Silver Jews, Bonnie "Prince" Billy et Lambchop. Maintenant, épluchez-en les crédits et constatez : il est un nom qui revient plus que régulièrement, celui de William Tyler. Qui est-il ? Un guitariste et producteur de Nashville qui, bien qu'il ait tout juste franchi le cap de la trentaine, a collaboré l'air de rien avec tout le gratin de la musique à stetson, fusse-t-elle le fruit de dinosaures en voie d'extinction comme Charlie Louvin ou de géniaux illuminés de la trempe de Jon Fahey, inventeur dans les années 50 de l'American Privitivism, sorte de rejeton expérimental du blues.

Autant de « victimes » dont les ombres planent sur Behold the Spirit, sorte de kamasutra virtuose et inspiré de la six-cordes publié par Tyler l'automne passé. On y entend du bruit blanc et des mélodies médiévales, du finger-picking iridescent et de la reverb en forme de cumulus gorgé de pluie, bref tout ce qu'il faut pour transformer, le temps d'une soirée, le Sonic en lonely ranch frémissant à l'approche d'un ouragan.
Benjamin MialotWilliam Tyler + The North bay moustache league
Au Sonic, jeudi 29 septembre


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