Lumière en piste

Le festival Lumière commence ce lundi avec la projection à la Halle Tony Garnier de The Artist. Avant un premier défilé d'invités le lendemain venus présenter des trésors du patrimoine cinématographique. Christophe Chabert


En général, la soirée d'ouverture d'un festival donne le là de ce qui va se passer par la suite. Mais cette année, le festival Lumièrefait une infidélité à la règle. Car, même s'il s'agit d'un hommage au cinéma muet des années 30, celui qui va être bousculé par l'arrivée du parlant, The Artist est bel et bien un film contemporain, réalisé par Michel Hazanavicius avec son acteur-fétiche, Jean Dujardin, qu'il avait déjà transcendé dans les deux OSS 117, et qui livre une fois de plus une prestation montrant l'étendue de son talent — physique, précise et fantaisiste.

Mais voilà : le film est décevant, terriblement décevant (son accueil à Cannes est grandement lié à la surestimation systématique des comédies au sein de la compétition). Le scénario est basique, les personnages monolithiques, les gags répétitifs. On y reviendra, puisque le film sort le 12 octobre, mais comme 7000 spectateurs vont se retrouver là-devant dans une ambiance «festive», dans une Halle Tony Garnier bourrée de people grimpant sur la scène pour tenter un hurlement choral («Nous déclarons le troisième festival Lumière ouvert»), il y a fort à parier que le mirage collectif cannois va perdurer (et offrir un bon coup de promo pour la production, qui pourra remercier Thierry Frémaux jusqu'à la fin de ses jours, le directeur du festival ayant déjà repêché le film in extremis dans la compétition cannoise, permettant à Dujardin d'obtenir le prix d'interprétation).

Invitations au voyage

La fête, ce sera donc le lendemain, avec le vrai lancement des hostilités. Ça démarre très fort, d'ailleurs : Fatih Akin qui présente un de ses films fétiches (La Loi de la frontière), Jerry Schatzberg qui accompagne son très rare Portrait d'une enfant déchue, opera prima avec Faye Dunaway dont la reprise est l'événement du mois en matière de cinéma de patrimoine, Jean-Paul Rappeneau qui apporte sur un plateau la copie restaurée du Sauvage, comédie brillante avec Catherine Deneuve et Yves Montand… 
Ou encore Stephen Frears parlant de Casque d'or, le chef-d'œuvre de Jacques Becker, Charlotte Rampling présentant The Look, le documentaire qui lui est consacré, les frères Dardenne partageant avec le public du Comœdia leur passion pour Loulou de Pialat.
Ou enfin, le lancement du cycle William A. Wellman avec en avant-programme la copie restaurée et mise en musique par Air du Voyage dans la Lune de Méliès, à 10h30 à l'Institut Lumière. D'ailleurs, que ce soit Méliès qui donne le coup d'envoi cinéphile de Lumière, voilà un joli clin d'œil, comme le festival les aime, à l'Histoire du cinéma.

Lumière 2011
Du 3 au 9 octobre. www.festival-lumiere.org


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