Victor victorieux


Théâtre / Écrit et mis en scène en à peine quelques mois par un comédien qui, il y a un an, n'avait jamais fait de théâtre et s'épanouissait (plus ou moins) comme animateur sur une radio commerciale, Victor Rossi n'est qu'amour est la première bonne surprise de la saison en matière de one man show. L'introduction, rodée au cours d'un tremplin d'humoriste dont Victor était sortie vainqueur, est parfaite : il y épingle son passé (son passif ?) avec un sens mordant de la caricature. Le spectacle le voit ensuite s'aventurer à intervalles réguliers vers une forme plus classique de sketch : c'est encore un peu frais, mais il y a déjà des qualités d'écriture et de jeu indéniables — manque le timing, qui viendra sans doute avec le temps. Là où Victor Rossi excelle, c'est lorsqu'il laisse libre cours à son sens de la vanne et sa réactivité face à des situations partiellement improvisées : c'est le commentaire amusé du règlement intérieur (hallucinant, il est vrai) du Parc de la tête d'or, où encore ce passage où il fait participer les spectateurs à un jeu (de dupe), rebondissant avec flegme et sarcasme sur les réponses proposées. C'est dans son ultime sketch que Victor Rossi emporte le morceau : il y campe un trader plein de morgue, nageant dans la confusion entre son boulot et sa vie personnelle, petite machine économique en pilotage automatique. Ce n'est pas la satire qui impressionne, mais la dextérité de l'exécution : à un rythme mitraillette, le comédien combine précision des actions, efficacité des ruptures et sens de l'observation. Pour des débuts, c'est plus que pas mal…
Christophe Chabert


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L’opéra a du nez