La voix de Diane


Pop / C'est donc maintenant Alela Diane «& Wild Divine». Du nom du groupe qui l'accompagne, bien sûr. Tout est dans le «&», comme une tentative de mettre à distance sans pourtant parvenir à la renier, l'image qui fut la sienne à ses débuts : celle d'une divine sauvageonne descendue des collines de Nevada City, volière à hippies sur le retour. Mais de la pochette sépia des débuts, façon Edward S. Curtis, ethnologue et photographe des native americans, on est passé à une image plus hollywoodienne : rouge à lèvres brûlant, carré 50's. Peu importe, l'habit ne fait pas nécessairement la religieuse folk. C'est la voix, d'où résonne les vibrations de l'Amérique. Du pur produit du quart monde white-trash tennessean viré poupée à néons Dolly Parton, à la « native » sans frontières Buffy Sainte-Marie en passant par les sangs-mêlés (Karen Dalton, Joan Baez), le vibrato de la corde féminine vaut vibration commune. Si bien qu'il faudrait se pencher un jour sur l'histoire du folk féminin américain à travers l'analyse du vibrato comme symptôme des soubresauts sociaux et hoquets historiques du pays, du Coat of Many Colors de Parton au Universal Soldier de la Sainte Buffy. Et si elle s'est affranchie d'un certain dépouillement, s'habille plus richement et flirte avec d'autres horizons musicaux — blues, jazz, country-pop — la musique d'Alela Diane et sa voix charrient toujours la vibration des anciennes. Comme la sédimentation d'un patrimoine musical et historique. Stéphane Duchêne


<< article précédent
Les colons de la tatane