Halte là


Dans quelques jours, le 23 octobre, les Tunisiens voteront pour trouver un successeur à Ben Ali qu'ils ont courageusement chassé le 14 janvier dernier. Rien ne dit que l'avenir sera rose, le parti islamiste Ennahda étant largement favori, mais l'histoire est en marche. Parmi les électeurs de dimanche figureront Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi, metteur en scène, auteur et acteur de Yahia Yaïch Amnesia (l'histoire d'un ministre très influent qui apprend son limogeage à la télé !) présenté en ouverture du festival Sens interdit, les 21 et 22 octobre. Son directeur Patrick Penot ne pouvait rêver plus beau carambolage d'actualité pour l'entame de cette manifestation qu'il place sous le signe «d'un théâtre de l'urgence, un théâtre profondément politique qui dit le monde». Car l'art n'est pas déconnecté de l'espace dans lequel il s'invente. La preuve en est faite quand le théâtre évoque la guerre de Tchétchénie (Une Guerre personnelle au Point du Jour) ou le coup d'état au Mali en 1968 (Vérité de soldat à la Croix-Rousse). Il est parfois question de récits plus «quotidiens» dans des pays bien peu tranquilles : la compagnie Aftaab relate l'Afghanistan d'aujourd'hui (Ce jour-là aux Célestins), Paula González Seguel la vie des mapuches, minorité indienne du Chili (Ñi pu tremen au TNG). Au total onze spectacles en onze langues durant huit jours et dans sept lieux. Les organisateurs n'ont par ailleurs pas peur de proposer des conférences (gratuites) sur des thèmes pointus comme «Les spécificités du théâtre chilien», «Théâtre et résistance» ou «Le théâtre dans la revendication d'une identité». Voilà un festival qui semble avoir confiance en l'intelligence du spectateur sans pour autant tomber dans l'obscurantisme. Il ne reste plus qu'à le vérifier dans les salles. NP

Festival Sens interdit
Du 21 au 28 octobre.


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