Une boîte vide


Dans Octopus, Decouflé ouvre sa boîte à fantasmes avec, à l'intérieur, huit danseurs aux corps superbes et souvent dénudés, des projections vidéo et deux très bons musiciens dans la fosse (Labyala Nosfell et Pierre le Bourgeois qui passent allégrement d'une pop éthérée au rock le plus rugueux – un véritable concert qui vaut à lui seul le détour)… On a cru au début que le chorégraphe allait jouer sur la corde de la sensualité : enlacement des corps, caresses des pieds ou des mains, isolement par des lumières rasantes de zones érogènes (jambes, torses…). Ou, à partir d'une très belle et très drôle séquence où une danseuse lit, slame, hurle un poème de l'immense Ghérasim Luca, qu'à l'instar de l'œuvre du poète, la pièce se développerait par contaminations, proliférations, rhizomes de sensations et de mouvements… Mais en définitive, s'appuyant sur une gestuelle mécanique et démonstrative, Decouflé hache ses saynètes et passe du coq à l'âne, répète indéfiniment son savoir-faire malin : une imagerie baroque et creuse qui tourne en rond.
JED


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