Deus in machina

Festival / Deuxième semaine et les choses sérieuses commencent pour le festival Just Rock ? qui dégaine les têtes d'affiche en sortant de son chapeau une poignée de revenants, parmi lesquels les Belges de Deus. Stéphane Duchêne


Pour cette cinquième édition, le désormais bien installé festival lyonnais nous rejoue le mythe du retour. D'abord l'éternel retour en la personne de Nina Hagen ; non qu'elle soit jamais vraiment partie ou sortie de notre mémoire, juste que plus grand monde ne s'intéressait à son travail et à ses grimaces. Trop touche-à-tout (et trop maquillée) pour que l'on puisse lui attribuer une œuvre qui dise quoi que ce soit à quiconque, hormis un art consommé (périmé ?) de la provocation. Nina sera, comme nous le disions dans notre panorama de rentrée il y a quelques semaines, en tant qu'authentique allumée, la caution culte du festival. D'un point de vue plus strictement lyonnais et puisqu'il faut bien défendre un peu la boutique, on sait d'ailleurs gré aux organisateurs (et au Transbordeur) de renouer avec cette antique tradition, un temps devenue caduque, de faire jouer des locaux en première partie de stars internationales (ici Taïni & StroNgs pour leur première grande scène). On passera, pour mieux ne pas y revenir, sur la catégorie du retour plus anecdotique avec Stupeflip (la semaine prochaine) qui nous a bien fait rire à une époque, mais depuis que nous non plus "on fume pu d'shit", on les trouve relou (fallait pas nous inciter).

Instant Street

Le grand retour, façon fils prodigue, sera donc celui de Deus, deux décennies d'existence ou presque, avec une séparation et des défections à la clé, quelques albums ébouriffants et le leadership de toute une nation de musiciens plus étonnants les uns que les autres – au point qu'on puisse se demander si ce n'est pas tout ce qu'il reste de la Belgique aujourd'hui : sa scène musicale. Bref, Deus est de retour, sur scène et avec un nouvel album très attendu à la suite des quelques sorties décevantes qui suivirent le totémique The Ideal Crash (1998). Sur cet album figurait un titre très pop, le fameux Instant Street, devenu leur Stairway to Heaven et ayant quelque peu paralysé leur carrière en créant le malentendu (que celui qui n'a pas connu ce moment gênant dans une soirée où un type attrape une guitare pour jouer Instant Street lève le doigt). Le dernier album Keep You Close est peut-être, comme son titre l'indique, une tentative de raccrocher les wagons… Il y parvient dès le morceau d'ouverture éponyme avant de se révéler inégal, à l'image de l'histoire de ce groupe parfois difficile à suivre. Mais cet album, le leader historique de Deus Tom Barman l'a annoncé taillé pour la scène. Dont acte.

Deus + Balthazar
Au Transbordeur, vendredi 21 octobre. Nina Hagen + Taïni & StroNgs
Au Transbordeur, samedi 22 octobre.


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