Aurélie Pétrel, la place des images


Dans une pièce en étage élevé, une jeune femme photographie la baie de Tokyo à travers une baie vitrée. Aurélie Pétrel la photographie à son tour, de dos, et tire son cliché sur une très grande plaque de verre qu'elle posera ensuite inclinée sur une cimaise de la galerie. Jeux de transparences, mise en abyme des images, perspectives successives… Tout cela s'imbrique dans la même image, sans compter encore les rayons du soleil qui, à certains moments de la journée, «projettent» l'image sur le mur blanc. Pour sa première exposition à la galerie Houg, la jeune photographe (née en 1980 et vivant à Lyon) opère ainsi, avec autant de précision que de sobriété, des mises en espace de ses images, elles-mêmes représentant souvent d'autres espaces ou fragments d'architectures : des chambres d'hôtel, de simples portes entrouvertes laissant filtrer un mince filet de lumière, des extérieurs d'immeubles au Japon, en Chine ou ailleurs… Les tirages photographiques sont présentés dans des volumes, ou bien derrière une cimaise, «sortant» de leur propre cadre, dans des box lumineux, etc. «Le geste architectural et la pratique photographique sont assez proches, ils ont en commun l'écriture avec la lumière et l'espace» déclare l'artiste dans un entretien. Et ses installations d'images de différents formats ont pour but de créer une «architectonique» au cœur de la galerie, avec des tensions, des dynamiques, des équilibres précaires… Le tout s'avère très séduisant.

Jean-Emmanuel Denave


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