Live fast, dive young


Musique / C'est un choc des cultures à faire passer le Choc des civilisations théorisé par Samuel Huntington pour une brouille de préau. D'un côté l'Ayers Rock Boat, péniche à débit sise sur le Quai Augagneur, précisément là où, le 6 mai 2007 au soir, se tint une manifestation de poltergeist à Rolex parmi les plus sonores jamais recensées. Autant dire le genre d'endroit que la rédaction du Petit Bulletin évite avec la diligence d'un Chinois croisant une fillette écrasée par une camionnette. De l'autre Joey Cape et Tony Sly, deux figures emblématiques du punk-rock californien qui, depuis plus de deux décennies, font le bonheur des figurants des films de Larry Clark (des skaters donc), le premier à la tête de Lagwagon, le second à celle de No Use for a Name. Soit le genre de types responsables du fait qu'une partie de la rédaction du Petit Bulletin porte des Vans et n'éprouve guère de sympathie pour les vigiles et gardes champêtres. Nul besoin d'avoir des actions UHU pour voir le problème : deux héros d'une musique je-m'en-fichiste et fonceuse, un petit rafiot hanté par la réussite, ça ne devrait pas coller. Et pourtant ça colle. Déjà parce que les tauliers de l'Ayers Rock Boat ont l'air de se démener pour exorciser les lieux. Mais surtout car Joey et Tony viendront coiffés non pas d'une pimpante casquette de punk mais d'un discret chapeau de folk singer qui leur va plutôt bien. Pas aussi bien qu'à Chuck Ragan (Hot Water Music) ou Frank Turner (Million Dead), entre autres tough guys convertis à la spontanéité acoustique, mais assez pour qu'on ravale notre peur des ectoplasmes droitiers. 


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La Couleur des sentiments