Sens interdits, jour 7 : Écoutez (voir)

Théâtre / Il se passe quelque chose de bizarre avec les rêves… (France – République Tchèque). Nadja Pobel


Fermez les yeux et écoutez. La Tchèque Frederika Smetana (dont la compagnie Golem est installée vers Grenoble dans le Trièves) s'est emparée de témoignages archivés à la maison d'Izieu (Ain) pour nous remettre le nez dans cette cruelle histoire. Entre mai 1943 et avril 1944, des enfants juifs issus de différents pays sont cachés dans une maison de cette commune alors située dans le Rhône en territoire non occupé, qui passe sous occupation italienne en septembre 1943. Le passé de ces enfants a été consigné et il est livré brut avec les souvenirs figés en Pologne ou rue des Rosiers (où les parents ne peuvent pas apprendre le français car ils habitent le Marais !). Rien de dramatique encore car tout est dit du point de vue de ces minots plus insouciants que leurs parents mais qui malgré tout doivent se cacher et porter l'étoile jaune. Nul ne pouvait imaginer encore que cette maison d'Izieu serait envahie par la Gestapo et Klaus Barbie. 42 enfants sont envoyés manu militari à Auschwitz où ils sont gazés dès leur arrivée. Il faut ajouter à ce sinistre bilan deux adolescents et l'un des tenanciers de la Maison, Miron Zlatin, tous trois portés disparus sur la route de Tallinn. Seule subsiste l'épouse de Zlatin, Sabine, qui vivra jusqu'en 1996. Au moment de la rafle, elle était absente de la maison.

Bien sûr, le récit de cet épisode est d'une force jamais amoindrie et mérite toujours d'être ré-entendu. Mais il ne fait ici pas vraiment l'objet d'un spectacle théâtral. On assiste plutôt à une lecture, texte en main, bien menée, entrecoupée de chants et quelques notes de guitare adéquats. Il n'y a en revanche rien à voir. Ce spectacle aurait pu (du ?) être l'objet d'un travail radiophonique.


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Les enfants du surréalisme