Hail ! Hail ! Rock'n'roll


Rock / Nous sommes en 2011 après Jésus-Christ, et toute la Gaule vibre au rythme d'un rock'n'roll surproduit, poseur et inoffensif. Toute ? Non ! Car des îlots peuplés d'irréductibles bad boys à rouflaquettes (et des bad girls à la crinière arrosée à l'eau oxygénée) résistent encore et toujours à l'envahisseur. Dans le Grand Lyon, le Trokson et le Clacson sont de ces poches de résistance et le secret de leur endurance tient en un festival : le Big Tinnitus qui, une fois l'an depuis 2008, permet à leur population de faire le plein de décibels, d'aérer sa collec' de boucles de ceinture ornées de cartes à jouer et de humer d'inimitables parfums de bière chaude et de cuir ruisselant de condensation. Mais laissons-là les clichés. Car avant d'être le défenseur d'une certaine idée du rock, le Big Tinnitus est un événement à la programmation modèle, au sens où s'y mêlent le starpower, la découverte et l'insolite. Les 3, 4 et 5 novembre, on pourra ainsi prendre la mesure du petit culte entourant les Dum Dum Girls, égéries indé également douée pour les balades sixties et les hymnes noisy ; recevoir comme des épiphanies le blues-rock marécageux du duo gallois Henry's Funeral Shoe, l'intense psychédélisme des Hollandais de Shaking Godspeed et le stomp ludique du one-man band suisse Urban Junior ; et adopter son plus beau regard de merlan à l'écoute des Kids, correspondants flamands des Sex Pistols (1976, voix de clochard, riffs cracras ; bref, du tout bon).
Benjamin Mialot

 


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Il était une fois en Anatolie