Michael

De Markus Schleinzer (Autriche, 1h34) avec Michael Fuith, David Rauchenberger…


Ça démarre mal, comme une médiocre imitation du cinéma de Haneke (dont Schleinzer fut l'assistant). Wolfgang est un pédophile ayant fait du petit Michael son captif, enfermé dans une cave aménagée et forcé d'obéir à "l'éducation" de son geôlier. Plans fixes, débarrassés de toute émotion, laissant l'action se dérouler dans un hors champ tonitruant ; on a déjà vu tout cela, et pas forcément envie de le revoir. Alors que  l'affaire semblait pliée, Schleinzer choisit de bouger sa caméra et d'emmener son récit sur des chemins inattendus, introduisant spectacle et humour (noir) dans son dispositif rigide. Il arrive surtout à bousculer les clichés sur lesquels il était parti : le physique ingrat de Wolfgang ne l'empêche pas de tomber les filles (même s'il y trouve un plaisir modéré) et l'apathie de Michael cède la place à une vraie révolte. On pourra trouver que le cinéaste joue avec le feu en créant un suspense pervers lors de la séquence finale ; mais c'est aussi là qu'il trouve son vrai style de metteur en scène s'affranchissant, comme Michael, de l'ombre tyrannique de son mentor.
Christophe Chabert


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